Portrait : Marcel Rémy, le nonagénaire « Patriarche des cimes »

Marcel Rémy fait partie des hommes dont la singularité ne peut qu’interpeller. Ce suisse alpiniste amateur a été révélé au public après avoir réalisé d’impressionnants défis physiques à l’âge de 90 ans et plus.

Passionné de montagne et d’escalade, curieux par nature, doté d’une détermination et d’une motivation incroyable, Marcel Rémy est une personnalité hors-norme et particulièrement attachante. Alors qu’il était tout jeune, il rêvait déjà des plus hauts sommets lorsqu’il levait les yeux depuis la vallée. Mais son père avait un tout autre projet pour lui. Ce fils de paysan et bûcheron deviendra ouvrier aux chemins de fer, mais sa passion pour la montagne ne s’éteindra jamais.

Une force de caractère

Pour l’un de ses fils le constat est clair, c’est « son sale caractère » qui l’a poussé à réaliser de nombreux exploits tout au long de sa vie. Et c’est après 90 ans qu’il est finalement devenu célèbre dans le monde de l’escalade et de l’alpinisme. Un jeune homme de 97 ans qui ne cesse de faire parler de lui. Interviewé lors de son dernier périple, le patriarche des cimes se disait heureux d’éprouver encore les mêmes sensations que lorsqu’il n’avait que 60, 70 ou 80 ans !…

Grimpeur

Image d’illustration

À 94 ans, accompagné de ses fils Claude et Yves, Marcel a gravi les 450 mètres calcaire et 14 longueurs 5b/5c du Miroir de l’Argentine dans les Alpes vaudoises. C’est vrai qu’il l’a grimpée près de 200 fois cette voie, mais réaliser l’ascension à un âge si avancé a été un réel exploit. Il s’est d’abord préparé physiquement en se soumettant à un entraînement exigeant et régulier en salle d’escalade. Puis le moment est arrivé.

« Vu la difficulté, il a fallu diviser en étapes. Le sentier d’abord, raide, caillouteux, tournant, pas du tout facile… […] Monter au pied du Miroir et y bivouaquer […] Il pouvait donc se reposer avant l’escalade en elle-même. »

Un exploit hors-norme

Le matin, la mise en route s’est faite en douceur dès l’aube. Puis le moment tant espéré de l’ascension du Miroir est arrivé. 450 mètres à gravir à la seule force de ses jambes et de ses bras, encordé à ses fils, dont l’un deux témoigne de ses doutes.

« Au départ, je pensais qu’il n’y avait que 5 à 10% de chances d’y arriver, puis progressivement cette chance a grandi durant l’ascension […] Jusqu’au dernier moment on était anxieux. On était pas sûrs que ce soit gagné. « 

Malgré le risque d’accident, Marcel et sa cordée sont arrivés au sommet, fatigués mais heureux et conscients des instants précieux qu’ils étaient en train de vivre. Un moment intense immortalisé dans cette vidéo de 24 minutes.

« Je n’aurais pas cru pouvoir grimper encore comme ça. Je sens que ça diminue, mais je suis encore bien. »

Après son exploit, Marcel était trop fatigué pour redescendre à pied. Mais qu’importe, c’est en parapente qu’il a rejoint la vallée, accompagné du parapentiste et ami, Jérémy Péclard.

« Il peut arriver quelque chose à chacun. Tous les jours, il peut nous arriver quelque chose. Mais si on peut passer par dessus et se faire plaisir… Je pense que c’est tout dans la tête que ça se passe. Je me fais plaisir en faisant telle ou telle chose. C’est mon stimulant. »

Depuis son exploit, Marcel Rémy a continué de grimper. Une chute l’a immobilisé quelques mois, mais on ne serait pas étonnés de le croiser à nouveau sur une paroi…